L'implication française dans l'Observatoire Européen Austral


Cette image montre le disque autour de la jeune étoile AB Aurigae, où le Very Large Telescope (VLT) de l'ESO a repéré des traces de la formation d'une planète. L'image a été obtenue avec l'instrument SPHERE du VLT en lumière polarisée, par une équipe dirigée par des chercheurs français. Crédit : ESO/Boccaletti et al.

La France est un membre fondateur de l'ESO. Le pays a signé la convention initiale le 5 octobre 1962 et est devenu officiellement un État membre le 17 janvier 1964. En tant que membre fondateur, la communauté de scientifiques et d'ingénieurs du pays a contribué aux projets de l'ESO de plusieurs manières essentielles, qu'il s'agisse de participer à des découvertes scientifiques ou de contribuer au développement d'instruments et de télescopes à la pointe de la technologie pour les installations de l'ESO.

La France contribue actuellement à hauteur de 14,96 % aux ressources de l'ESO (contribution 2021), pour un montant de 28 728 000 EUR.

À la mi-2022, 76 ressortissants français sont employés à l'ESO, 55 en Allemagne et 21 au Chili. En outre, l'ESO a accordé 33 bourses d'études, 66 bourses de recherche et 13 stages à des ressortissants français depuis 2004.

La France est représentée dans les différents organes de pilotage et conseil de l'ESO par des astronomes et des experts politiques ; les représentants français actuels dans les différents comités de l'ESO avec représentation nationale sont disponibles ici.

L'ESO Science Outreach Network (ESON) comprend des représentants français qui agissent en tant que contacts locaux de l'ESO pour les médias et le partage des connaissances.

Voici quelques informations sur la participation de la France à l'ESO.

Découvertes faites par des astronomes basés en France utilisant les télescopes de l'ESO

Les chercheurs français et ceux basés dans des institutions françaises ont participé à d'importantes découvertes en utilisant les installations de l'ESO, y compris un grand nombre des 10 principales découvertes de l'ESO. Parmi les découvertes scientifiques plus récentes, citons 

  • La découverte du plus grand groupe de planètes errantes dans une étude dirigée par Núria Miret-Roig (alors au Laboratoire d'Astrophysique de Bordeaux, France). En utilisant une combinaison de plusieurs installations de l'ESO, ils ont pu observer la chaleur émise par les planètes. "Il pourrait y avoir plusieurs milliards de ces planètes géantes flottant librement dans la Voie lactée sans étoile hôte", explique Hervé Bouy (Laboratoire d'Astrophysique de Bordeaux), co-auteur de l'étude, dans le communiqué de presse de l'ESO.
  • La découverte de la paire de trous noirs supermassifs la plus proche a été réalisée par une équipe dirigée par Karina Voggel (Observatoire de Strasbourg) à l'aide de l'instrument MUSE sur le Very Large Telescope (VLT) de l'ESO. Les trous noirs ont été découverts dans la galaxie NGC 7727.
  • Les images de 42 des plus grands objets de la ceinture d'astéroïdes ont été réalisées par une équipe dirigée par des astronomes français et tchèques à l'aide de l'instrument SPHERE du Very Large Telescope (VLT) de l'ESO. Jamais auparavant un groupe aussi important d'astéroïdes n'avait été imagé avec autant de précision, révélant un large éventail de formes particulières, aidant les astronomes à retracer les origines des astéroïdes dans notre système solaire. 
  • La première détection claire d'un disque de formation de lune autour d'une exoplanète par Myriam Benisty (Université de Grenoble et Université du Chili) qui a dirigé une équipe de chercheurs utilisant ALMA. Cette découverte aide les astronomes à mieux comprendre l'origine des planètes et des lunes. 

Participation française aux instruments et aux télescopes de l'ESO sur les sites de l'ESO

La France a apporté et continue d'apporter des contributions substantielles à de nombreux aspects de l'ESO, les institutions françaises étant à l'origine de nombreux instruments basés sur les télescopes des sites de l'ESO. La France est également à l'origine de certains des télescopes hébergés sur les sites de l'ESO. Voici quelques exemples marquants de la contribution française :

  • Le chasseur de planètes ExTrA (Exoplanètes en transits et leurs atmosphères), un télescope national français à l'Observatoire de La Silla de l'ESO. ExTrA, qui a vu sa première lumière en 2018, est conçu pour rechercher des planètes autour d'étoiles naines rouges proches et étudier leurs propriétés. Le projet, qui se compose de trois télescopes de 60 cm, est actuellement financé conjointement par le Conseil Européen de la Recherche et l'Agence Nationale de la Recherche française. Son chercheur principal est Xavier Bonfils (Institut de Planétologie et d'Astrophysique de Grenoble, CNRS/UGA).
  • De nombreux instruments pour l'interféromètre VLT de l'ESO sur lesquels des institutions françaises ont travaillé, notamment AMBER, PIONIER, MATISSE et GRAVITY.
  • Plusieurs instruments du VLT de l'ESO, qui ont bénéficié d'importantes contributions d'institutions françaises. Par exemple, le CEA/DSM/DAPNIA (Saclay) a dirigé le développement de VISIR, tandis que le Laboratoire d'Astrophysique de Marseille (Observatoire Astronomique de Marseille-Provence aujourd'hui Observatoire des Sciences de l'Univers Institut Pythéas), le Laboratoire d'Astrophysique de Toulouse (Observatoire Midi-Pyrénées) et l'Observatoire de Haute-Provence (aujourd'hui intégré à Observatoire des Sciences de l'Univers Institut Pythéas) faisaient partie du consortium VIMOS. De nombreux autres instruments du VLT, dont SPHERE, NACO et MUSE, ont également été développés par des consortiums dirigés par des institutions françaises.
  • Par l'intermédiaire de l'Université de Grenoble, la France fait partie du consortium pilotant chasseur de planètes récemment installé par l'ESO : NIRPS. L'instrument est installé sur le télescope de 3,6 mètres de l'ESO à l'Observatoire de La Silla et caractérisera les exoplanètes de faible masse, y compris les planètes rocheuses dans la zone habitable. NIRPS complétera HARPS, qui a été développé par un consortium franco-suisse.
  • Les récepteurs bande 7 d'ALMA ont été développés par l'Institut de radioastronomie millimétrique (IRAM).
  • La France va devenir membre du futur CTA ERIC, le Consortium Européen d'Infrastructure de Recherche, qui construira et exploitera le Cherenkov Telescope Array (CTA). Le CTA sera un observatoire terrestre pour l'astronomie des rayons gamma de très haute énergie. Il sera composé de deux réseaux de paraboles, un réseau dans l'hémisphère sud hébergé à l'Observatoire de Paranal de l'ESO et un réseau nord sur l'île de La Palma, en Espagne. L'ESO sera également membre du CTA ERIC et est représenté au conseil du CTA.

Participation française aux instruments de l'ELT

Des institutions françaises font partie de l'ensemble des consortiums en charge des six premiers instruments qui seront installés sur le prochain Extremely Large Telescope (ELT) de l'ESO : 

  • L'instrument MOSAIC permettra d'observer de plus près les galaxies lointaines à la limite de l'Univers observable. Il est conçu et construit sous la direction de l'Institut National des Sciences de l'Univers du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS-INSU, France) par un consortium de partenaires en France et dans d'autres pays.
  • Cinq institutions françaises font partie du consortium à l'origine d'ANDES (précédemment connu sous le nom de HIRES), l'instrument qui étudiera les objets astronomiques avec une sensibilité sans précédent.
  • Le développement de METIS, l'imageur et spectrographe dans l'infrarouge moyen de l'ELT, est assuré par un consortium composé de nombreux pays européens, dont la France par l'intermédiaire du centre de recherche CEA Paris Saclay.
  • MORFEO (précédemment connu sous le nom de MAORY) permettra à d'autres instruments de l'ELT de prendre des images exceptionnelles de l'Univers. La France y participe à travers l'Institut des Sciences Planétaires et d'Astrophysique de Grenoble (Observatoire des Sciences de l’Univers de Grenoble (OSUG / CNRS - Université Grenoble Alpes).
  • L'instrument MICADO prendra des images à haute résolution dans le proche infrarouge, ce qui permettra d'identifier des exoplanètes, de distinguer des étoiles spécifiques dans d'autres galaxies et d'étudier le mystérieux centre de la Voie lactée. Un certain nombre d'instituts français font partie du consortium.
  • L'instrument HARMONI est développé par une collaboration entre la France, l'Espagne et le Royaume-Uni. HARMONI aura une sensibilité jusqu'à des centaines de fois supérieure à celle de tous les instruments actuels de ce type.

Contributions de l'industrie et de la technologie françaises à l'ESO

En tant qu'un des États membres fondateurs de l'ESO et un pays dont la contribution au budget de l'ESO est parmi les plus importantes, les institutions et l'industrie françaises ont obtenu plusieurs contrats importants de l'ESO au fil des ans. Parmi les contributions technologiques les plus significatives de la France aux projets de l'ESO, on peut citer :

  • Les systèmes d'optique adaptative de l'instrumentation de Paranal développés et produits par l'organisme français ONERA.
  • Des caméras pour l'instrument ESPRESSO produit par Winlight System SA
  • Tous les miroirs déformables équipant les télescopes auxiliaires qui font partie de l'interféromètre VLT de l'ESO ont été fournis par la société française ALPAO.
  • L'Observatoire de Bordeaux a obtenu de multiples contrats pour la production du convertisseur et des cartes tunable filter bank (TFB) d'ALMA.
  • Alcatel Space Industries développé des antennes prototypes d'ALMA, tandis que le Consortium AEM a développé ses antennes européennes.

Contributions de l'industrie française à l'ELT

Les entreprises françaises ont été des partenaires industriels clés de l'Extremely Large Telescope de l'ESO. Voici quelques-uns des contrats les plus importants attribués à l'industrie française :

  • Safran Reosc SAS qui s'est vu attribuer de multiples contrats relatifs au polissage des segments M1 de l'ELT, aux miroirs et équipements auxiliaires M2, M3 et M5 de l'ELT, et les supports des miroirs M4 de l'ELT.
  • SAGEM SA a obtenu plusieurs contrats relatifs à l'acquisition de prototypes de segments de miroir primaire d'ELT.
  • CILAS S.A. - Compagnie a réalisé l'étude de conception de l'unité adaptative M4 de l'ELT.
  • FIRST LIGHT IMAGING S.A.S. a fourni les caméras C-RED One pour l'ELT.